Game Partners : de Niort à Montréal, récit d'un parcours semé d'opportunités !
[Histoire de Qilin]
La startup Game Partners poursuit tranquillement sa croissance en ouvrant des pistes à l’international. Entretien avec l’un de ses co-fondateurs, Arnaud Barrès, depuis la base niortaise.
Avec :
Arnaud Barrès
Co-fondateur de Game Partners
Arnaud, peux-tu nous pitcher Game Partners ?
Arnaud Barrès : “Game Partners en 3 mots, c’est concevoir, éditer et animer des serious games. Notre cœur d’activité, ce sont les jeux sur mesure. Depuis 2020, nous sommes également éditeur de jeux sur les sujets cyber, RSE, et tech.”
Qu’est-ce qui t’a donné envie de monter ta start up ?
Arnaud B. : “Devenir entrepreneur a été le fruit d’opportunités en quelque sorte…
J’ai passé 20 ans dans le secteur de l’énergie où j’ai occupé des fonctions au sein des services marketing et Système d’Informations (SI). Puis des changements personnels/familiaux nous ont dirigé vers Niort, ce qui m’amenait de facto vers une nouvelle étape de ma vie professionnelle…
À l’époque, je connaissais déjà Pierre (Pierre DUDIT, co-fondateur de Game Partners) car on travaillait dans la même boîte. On faisait du volley ensemble et ça nous arrivait aussi de jouer régulièrement à divers jeux de société… Lui comme moi avons toujours eu une “passion jeu”. D’ailleurs, Pierre, qui a un parcours plus technique d’ingénieur, avait déjà développé un jeu pour former en interne des collaborateurs de Gaz de France.
C’est lui qui a eu l’intuition de départ pour Game Partners. Il est venu me chercher avec l’idée de monter une boite. Je l’ai tout simplement saisie !”
Qu’est-ce qui fait la force de Game Partners ?
Arnaud B. : “Notre équipe et notre philosophie du jeu… Lorsque nous créons un jeu, que ce soit pour nous ou pour nos clients, notre objectif premier est d’avoir une mécanique de jeu qui soit porteuse de sens. On cherche à mettre en action les joueurs, pas simplement à répliquer ou adapter un jeu déjà existant en fonction de la commande ou de la verticale souhaitée. Notre obsession, c’est de faire vivre une expérience de jeu apprenante.
Personnellement, mon passé d’architecte SI me permet d’aborder la création d’un jeu avec une vision conceptuelle qui permet de simuler une réalité et manipuler des concepts.“
Comment s’est passé le développement de Game Partners ?
Arnaud B. : “La société a été créée en 2018, mais Game Partners a réellement commencé à décoller en 2020, avec la sortie de Cyber Wargame. C’est la 1ère fois qu’on devenait éditeur. En fait, on s’est vite rendu compte que l‘activité de conception de jeux sur mesure était une activité fluctuante et pas suffisante pour grandir comme on le voulait. On avait été un peu trop optimistes au départ…
Avec la sortie de Cyber Wargame, Game Partners a pris un nouveau tournant. Le jeu a vite pris tellement de place dans notre écosystème qu’on l’a érigé en marque vitrine avec une stratégie dédiée et des outils spécifiques (site, page Linkedin…).
Depuis, d’autres jeux sur la thématique de la cybersécurité sont venus enrichir Cyber Wargame : une version en ligne du jeu original, “Cyber Duel”, “Cyber Crisis”, et un petit dernier, “Cyber Master”, qui est en cours de création. Avec cette gamme, nous couvrons un large champ qui va de la sensibilisation d’un public collégien à des challenges destinés aux professionnels de la cyber.
Par ailleurs, nous avons également une activité de services d’animation et de formation qui prend de plus en plus de place, quasiment un tiers de notre activité aujourd’hui je dirais…”
Rejoindre Altæ : une suite logique…
Comment et quand Game Partners a-t-elle intégré Altæ ?
Arnaud B. : “En fait, nous on a commencé par être Niort Tech. À l’époque où nous avons crée Game Partners, Altæ n’existait pas et je venais simplement en coworking à Niort Tech. Sur les conseils d’Alexis Nault qui bossait à l’époque à Niort Agglo (NDLR : désormais directeur de Altæ), j’ai rejoint le SPN qui m’a permis d’intégrer le Studio, un programme d’accélération Edtech, puis le Edlab, pour le financement d’expérimentations en local. Tout cela nous a permis de nous faire connaître auprès de l’écosystème innovation régional. Alors évidemment quand Altæ a été créée, on a intégré la Technopole.”
Quelles attentes aviez-vous à ce moment-là en termes d’accompagnement ?
Arnaud B. : “Après s’être rendu compte qu’il était impossible de scaler avec des boîtes de jeu physique, nous avions décidé de travailler sur le développement d’un jeu en ligne. La Technopole a été créée alors qu’on venait de terminer la phase de lancement de Cyber War Game Online, dans l’idée d’en faire notre premier produit scalable. Altæ nous a aidé à mobiliser des financements auprès de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la BPI.”
Et c’est à ce moment-là que vous avez commencé à vous tourner vers l’international ?
Arnaud B. : “Là encore, nous nous sommes rendus compte que nous avions été un peu trop optimistes (rires). On a compris que ce qui faisait le sel de nos serious games, c’était le contact physique et la convivialité.
Pour continuer à nous développer, on a commencé à développer notre offre de services et à s’intéresser à l’international.
La première fois qu’on a franchi le cap, c’était dans le cadre du Forum International de la Cyber à Montréal. On a candidaté pour faire partie de la délégation régionale et on a été sélectionné. C’était en octobre 2022. On a pu y faire de bons contacts et on a décidé d’y retourner en 2023, avec cette fois l’ambition de pouvoir s’y implanter.
On a monté un dossier 360° auprès de CCI International / BPI / Région Nouvelle-Aquitaine pour pouvoir mobiliser les dispositifs “Talent’ Export” pour le recrutement d’un VIE (Volontaire International en Entreprise) ainsi que “Pass’Export” pour bénéficier d’une aide financière et d’un allègement de certaines procédures lorsqu’on s’internationalise.
Dans le cadre de Sirena Start-up (programme d’internationalisation des startups porté par Nouvelle-Aquitaine Technopoles), nous avons profité de l’offre de soft landing comprenant un hébergement dans un accélérateur à Shawinigan au Québec, une ville située à 200 km de Montréal, du networking et des rendez-vous BtoB pendant 1 semaine.
On a enchaîné avec une learning expedition organisée par la CCI International avec la communauté cyber avant de terminer notre séjour par le FIC.
Ça nous a permis de confirmer notre projet de partenariat avec une société canadienne, de renouveler un nombre de contacts intéressants et motivés. Il nous fallait réussir à trouver quelqu’un sur place. C’est d’ailleurs ce qui a été le plus long et le plus compliqué, mais on a finalement trouvé un VIE. Au terme de pas mal d’entretiens et de démarches administratives, on a trouvé THE profil !
Puis nous avons fait le choix de nous installer à Montréal à la CCI Française au Canada, car leur offre clé en main destinée à faciliter l’installation d’entreprises françaises nous sécurisait. On a accueilli et onboardé notre VIE en mars 2024 dans nos bureaux à Niort, puis elle a pris son poste un mois plus tard au Québec.
Franchement, on ne s’attendait pas à une telle complexité, notamment sur les démarches juridiques : ouvrir un compte bancaire, être enregistré au registre de commerce… ce n’est pas une simple partie de carte ! On ne va pas se mentir, on en a vraiment bavé ! S’exporter au Québec, ça coûte un bras. Grâce aux dispositifs d’accompagnement que nous avons pu mobiliser, ça nous a coûté que ¾ de bras…”
Avez-vous déjà des retombées positives de cette stratégie d’export ?
Arnaud B. : “On a édité une édition spéciale de Cyber Wargame version Québec en intégrant le dollar et certaines différences culturelles. Par exemple, en France, on illustre la crédulité avec un mouton. Là-bas, c’est plutôt la dinde…(rires). De la même manière, on ne dit pas “smartphone” mais “cellulaire”. Il faut donc adapter nos jeux aux spécificités culturelles et linguistiques !
Côté business, on s’était fixé des objectifs quantitatifs qu’on aura du mal à atteindre sur 2024, c’est certain. Si les contacts sont très faciles, très enthousiastes au premier abord, on constate que le délai de transformation est plus lent que chez nous.
Néanmoins, nous sommes très satisfaits du recrutement de notre VIE qui a pour mission de développer notre réseau afin de proposer notre offre de services et produits.”
Comment décrirais-tu la philosophie de l’accompagnement proposé par Altæ ?
Arnaud B. : “Pour une startup assez mature comme la nôtre, c’est bien d’avoir une équipe à solliciter en cas de besoin, pour nous orienter vers des solutions, des pistes d’actions…
Le simple fait d’être identifié comme faisant partie d’Altæ est une sorte de référencement qui ouvre des opportunités de rencontres et de networking.
L’offre d’animation de la Technopole, à savoir les petits dej’, ateliers, visites, etc., nous nourrit aussi.
Sur la dernière saison de Opération Dragon, j’ai aussi été sollicité pour intervenir auprès des startups de la promo. Ça nous permet de partager notre expérience, c’est extrêmement enrichissant aussi ! ”
Que penses-tu du choix du Qilin ?
Est-ce que ça te parle, te reconnais-tu dans cet animal mythologique ?
Le Qilin, je ne connaissais pas avant… Ça me fait penser au “Kirin”, que j’ai déjà rencontré dans les jeux de rôle fantastiques. Il a donc fallu que je lise la description pour pouvoir faire le lien avec notre positionnement et je vous confirme que je me reconnais bien dans “gentil, bienveillant et non violent” !
Peux-tu citer les 3 avantages principaux selon toi pour une startup d’être accompagnée par Altæ sur le Parcours Qilin?
Arnaud B. : “En premier, je dirais la Communauté de travail. Pour une très petite entreprise, vivre dans une communauté de travail, ça fait toute la différence. Ça nous aide à recruter et fidéliser nos collaborateurs… Notre actuel alternant a même fait Opération BB Dragon pour un projet perso ! Il y a de véritables synergies qui se créent avec les entreprises accompagnées et l’équipe de la Technopole.
Ensuite, pour l’apport méthodologique. Plutôt que d’improviser quand on crée une boite, se faire accompagner par des gens qui maîtrisent, ça fait gagner beaucoup de temps et limite un paquet d’erreurs. En plus, pour une startup c’est gratuit donc c’est vraiment tout bénef !
Enfin, sur la recherche de financement. C’est bien de se faire conseiller par des personnes hors du milieu bancaire classique, quand on en est au début d’un projet.”
Pour le mot de la fin, quels sont vos jeux préférés chez Game Partners ?
Arnaud B. : “ Pour moi, et depuis longtemps, c’est Diplomacy : un jeu de société de conquête et de négociations . Je crois que pour Pierre en revanche, c’est Sea Salt & Paper, un jeu de cartes et de stratégie.” Signe, s’il en fallait un, d’une belle complémentarité entre les 2 co-fondateurs…
Propos recueillis par Anne-Céline Henault, Chargée de mission Animation et Communication de Altæ